Transition: l'UCLouvain relève le défi

LOUVAINS

Vers une université et une société plus durables : c’est le leitmotiv de l’UCLouvain dans l’enseignement, la recherche mais aussi la vie quotidienne des étudiantes, des étudiants et des membres du personnel. Sobriété et efficacité énergétique, attention exigeante au durable dans l’enseignement, mobilité plus respectueuse de l’environnement, ce ne sont que quelques exemples des actions qui donnent vie au Plan transition. « L’université doit être à l’avant-garde en se saisissant des défis de la transition dans leur complexité », insiste Marthe Nyssens, prorectrice Transition et Société de l’UCLouvain.

Objectif durabilité

Avec 400 000 m2 de bâtiments académiques et 200 000 m2 de logements répartis sur l’ensemble de ses campus, l’UCLouvain ambitionne, pour le bâti de Louvain-la-Neuve, d’atteindre la neutralité carbone en 2035. Point positif : les objectifs fixés pour 2020 ont été atteints un an à l’avance. « La philosophie repose d’abord sur la sobriété, le premier de trois axes », argumente Marc Servais, chargé de mission développement durable à l’UCLouvain.

SlowHeat

À la pointe de cette démarche, SlowHeat, un projet de recherche mené au sein de la Faculté d’architecture LOCI, financé par Innoviris, qui vise à chauffer les corps des occupant·es, à l’aide de divers dispositifs, plutôt que les bâtiments. À la clé, des gains énergétiques très importants. Des tests, dont les résultats sont en cours d’analyse, ont été menés cet hiver sur les trois campus de LOCI (Louvainla- Neuve, Bruxelles Saint-Gilles et Tournai). Objectif : voir jusqu’à quelle température il est possible de descendre sans nuire au bien-être des occupants. D’autre part, « la pandémie a apporté de nouvelles habitudes, ce qui permet de réaménager les espaces afin de les partager davantage, sans perte de confort puisque moins de personnes sont présentes. » L’ Administratrice générale et le Vice-recteur à la politique du personnel ont dégagé des moyens pour mener à bien des expériences de new ways of working. Tant les demandes que les tests se multiplient en ce sens.

Efficacité énergétique

Deuxième axe, l’efficacité énergétique. Aujourd’hui, en suivi du plan hiver et pour des questions de sobriété, la température dans les locaux est limitée à 19° « mais pour cela, nos bâtiments doivent utiliser le moins d’énergie fossile possible ». Grâce à une étude commanditée à un bureau d’études, l’université a identifié une méthodologie permettant de faire un audit énergétique de ses bâtiments académiques. L’ Administratrice générale vient de déposer un plan auprès du comité d’investissement afin d’accélérer les rénovations dans les secteurs académique et social en tenant compte de l’impact économique et environnemental. Le troisième axe est l’énergie verte ou renouvelable. Un projet d’installation d’une centrale de biomasse est toujours en cours afin d’alimenter l’université à Louvain-la-Neuve. À Bruxelles Woluwe, campus axé sur le médical – à proximité de quartiers résidentiels, à la frontière avec la Flandre –, la marge de manoeuvre est plus réduite et la priorité mise sur l’efficacité énergétique des bâtiments. Quant au campus de l’UCLouvain FUCaM Mons, on prévoit notamment d’y installer un réseau de chaleur avec une centrale unique. Sans compter les panneaux solaires qui couvrent déjà les besoins en électricité à hauteur de 18 %, et bientôt 30 %.

De la voiture au vélo

Avec 6 000 membres du personnel et 35 000 étudiant·es, la mobilité est le premier poste du bilan carbone : 50 % des émissions contre 30 % pour le bâti. D’un campus à l’autre, les habitudes diffèrent largement. À Bruxelles Woluwe, site bien desservi par les bus, métro et un accès rapide à une gare, la voiture n’est utilisée que pour 20 % des déplacements. À Mons, où le campus est éloigné du centre-ville et proche des grands noeuds routiers, c’est l’inverse (80 %). À Louvain-la-Neuve, 50 % du personnel et 20 % des étudiant·es viennent en voiture. « Depuis de nombreuses années, l’UCLouvain ‘entreprise’ fait le maximum possible : prise en charge de 100 % des abonnements aux transports en commun et remboursement des déplacements à vélo qui ont d’ailleurs triplé en quelques années », précise Marc Servais.

Moins de 15 km

L’enquête mobilité (menée tous les trois ans : 41 % des membres du personnel et 20 % des étudiant·es ont répondu en 2021) indique notamment une diminution de 10 % de l’usage de la voiture côté personnel. Dès lors, l’université a faite sienne l’ambition de la Région wallonne de réduire cette part de 25 % en misant notamment sur le vélo. « 35 % des employé·es habitent à moins de 15 km de leur lieu de travail, ce qui le rend accessible à vélo électrique. » Avec Provélo et la Province de Brabant wallon, l’université propose entre autres de tester ce mode de déplacement pendant un mois tout en bénéficiant d’un coaching. Le succès est au rendez-vous, de quoi inciter l’UCLouvain à conclure un marché public pour renouveler l’offre avec près de 150 places disponibles dans les deux prochaines années. D’autre part, l’installation d’abris vélo sécurisés et d’arceaux de stationnement est en cours de développement. Autres pistes : le covoiturage, en particulier pour les étudiant·es et, bien sûr, les transports en commun qui, eux aussi, peuvent être testés.

On le constate, l’université explore de manière volontariste toutes les pistes afin de rendre les campus, lieux de vie, de travail et d’étude, plus résilients.

Dominique Hoebeke

> uclouvain.be/transition

Enseigner l'architecture et l'urbanisme: un tournant radical

La transition ? À la Faculté d’architecture, ingénierie architecturale, urbanisme LOCI de l’UCLouvain, la préoccupation est loin d’être neuve. « Les premiers traités d’architecture parlent déjà de l’articulation avec le paysage et l’environnement », souligne David Vanderburgh, vice-doyen de LOCI (site de Louvain-la-Neuve). Au cours des cinquante dernières années, plusieurs alarmes conduisent à revoir l’enseignement de l’architecture partout. « Plusieurs labos ont vu le jour dans les années 1970 : le CREAT, la Cellule Architecture et climat (UCLouvain), le CERAA (Institut Saint-Luc)*, tous axés sur les enjeux environnementaux. » Enfin, la fusion entre les Instituts Saint- Luc architecture de Tournai et Bruxelles et l’UCLouvain et la création récente du LAB* marquent l’occasion de renforcer encore la préoccupation environnementale dans ses dimensions matérielle, sociale et économique. Le doyen de la Faculté LOCI, Eric Van Overstraeten, est le fervent défenseur d’une attention intransigeante à toutes les facettes du durable, aussi quand elle concerne l’empreinte écologique de sa Faculté.

Poussés par les étudiant·es

« Ce qui a changé depuis dix ans, c’est la prise de conscience que l’environnement construit est l’un des plus grands émetteurs de gaz à effet de serre », souligne David Vanderburgh. « En réaction, beaucoup d’initiatives ont vu le jour pour tendre vers l’économie circulaire, l’utilisation de matériaux responsables, la prise en compte du cycle de vie des bâtiments, etc. Le CREAT, notamment, a été pionnier des éco-quartiers qui introduisent l’éco-circulaire dans la vie des citoyens. »

Forte de ces jalons, la Faculté LOCI tente d’amener les étudiantes et les étudiants, futur·es professionnel·les, à prendre conscience de ce qu’elles et ils font, en les sensibilisant au niveau micro (pratiques quotidiennes, SlowHeat  – article ci-dessus –, etc.) et macro (mobilité moins consommatrice d’énergie, villes avec moins de voitures…). « Depuis dix ans, les cahiers des charges des cours tiennent de plus en plus compte des questions liées à la transition que ce soit chez les ingénieurs architectes, les architectes ou les urbanistes : économie circulaire, efficacité énergétique, éco-quartiers, compacité, écomobilité, participation citoyenne… On est poussé dans cette évolution par les jeunes praticien·nes, les enseignant·es et par les étudiant·es, une force vive sur laquelle la Faculté s’appuie pour engager pleinement son enseignement dans le changement », se félicite le vice-doyen.

Esthétique et éthique

David Vanderburgh ne cache pas la radicalité qui anime LOCI + LAB. « Il y a quelques années, le CREAT, le CERAA ou la cellule Architecture et climat étaient minoritaires. Aujourd’hui, on a un soutien  culturel et on veut aller aux racines du problème. » Il cite en exemple le patrimoine, de moins en moins évalué sur le plan esthétique et davantage sur le plan de la conservation pour l’environnement. « Arrêtons de démolir et de mettre en décharge. Arrêtons, dans un pays riche, de laisser des gens vivre dans la rue. L’architecture et l’urbanisme peuvent aussi intervenir pour contrer les inégalités sociales », plaide-t-il. L’avenir de l’enseignement à LOCI, il le voit entre autres dans une relation plus étroite avec le vivant. « L’extinction des espèces est galopante, il en va de notre survie. » Mais aussi dans un rapport renouvelé entre l’esthétique et l’éthique. « Ces deux dimensions sont inséparables, c’est notre responsabilité et nous voulons l’enseigner à nos étudiant·es », défend David Vanderburgh. D.H.

> uclouvain.be/loci
> uclouvain.be/fr/institutsrecherche/lab

* CREAT : Centre de recherche et d’Études pour l’Action Territoriale ; CERAA : Centre d’étude, de recherche et d’action en architecture.
La fusion entre les Instituts d’architecture Saint-Luc et l’UCLouvain a eu lieu en 2010.
LAB :
Louvain research institute for Landscape, Architecture, Built environment

Responsabilité sociétale

Le rapport ‘l’UCLouvain en transition vers une université durable’, dresse l’évaluation, après un an, du ‘Plan transition’ de l’université, une des actions prioritaires du plan stratégique ‘Horizon 600’. Il balise le fonctionnement de l’université jusqu’en 2025, année de son 600e anniversaire.

Le Plan transition, co-construit avec les différentes composantes de la communauté universitaire, s’articule autour de l’enseignement, la recherche et les campus durables (énergie et patrimoine bâti, consommation, biodiversité, culture, mobilité, alimentation et développement territorial). Au menu : 31 objectifs et 91 actions à mener.

En septembre 2021, deux tiers des actions prévues avaient été réalisées ou entamées alors qu’un an plus tôt, seuls 19 % des actions avaient été entamées.

Si le constat posé par le rapport est donc positif, les défis pour l’université restent de taille. En termes d’enseignement, par exemple, si 10 programmes de bacheliers proposent désormais une introduction au développement durable, les 35 autres doivent encore intégrer des acquis d’apprentissage transversaux liés au développement durable. Sur le plan de la recherche, il s’agit de continuer à stimuler la collaboration des disciplines autour des défis de la transition.

Enfin, les campus durables doivent accélérer leur développement, notamment au travers d’une politique de sobriété énergétique encore plus ambitieuse, d’une multiplication des incitants à la mobilité douce et d’une consommation mettant encore davantage l’accent sur la durabilité.

Pour Marthe Nyssens, prorectrice Transition et Société à l’UCLouvain, ce rapport est l’occasion de rappeler qu’en matière de développement durable, l’université doit être à l’avantgarde des innovations en se saisissant des défis de la transition dans leur complexité.

Pierre Escoyez
Communication internationale et institutionnelle

Trajets bons plans

‘Faites de votre trajet un bon plan !’ L’UCLouvain invite les étudiantes, les étudiants et les membres du personnel à réduire l’usage de la voiture individuelle lors des trajets quotidiens. La mobilité représente en effet la moitié des émissions de gaz à effet de serre émises par l'université.
Objectif de la campagne ‘Trajets Bons Plans’ : inciter à considérer les déplacements comme une opportunité. À pied, à vélo, en bus, en train ou en covoiturant, chaque trajet peut devenir une occasion de se détendre, de faire du sport, de se rencontrer ou même de partir à l’aventure, tout en réduisant son impact sur l’environnement.

> uclouvain.be/faites-de-votre-trajet-un-bon-plan 

 

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